Crise à l’OL : trop facile de taper sur John Textor…

Louis Oeuvrard

28/06/2025

John Textor

La DNCG a décidé d’exécuter sa menace envers l’Olympique Lyonnais. En novembre dernier, l’instance du foot français en charge de la gestion financière et du contrôle des clubs n’avait pas manqué de mettre une pression maximale sur le septuple champion de France. Il y a un hic : la France accuse un retard abyssale pour permettre aux clubs d’être plus soigneux dans leurs comptes.

Critiquer John Textor est en soit chose facile et rationnelle pour les suiveurs de l’Olympique Lyonnais. Cependant, il est bien trop aisé de mettre l’Américain sous la guillotine comme jadis nous le faisions pour un certain Roi de France. Là, s’arrête la parenthèse d’une exécution publique symbolique de John Textor. Bien que son mode de fonctionnement ait déplu depuis son arrivée à la tête de l’OL.

Un autre homme doit aussi rendre des comptes et expliquer le pourquoi du comment Lyon en est arrivée là. Son sigle tient en 3 lettres et il a assuré une longévité quasi inégalée à la tête de son club. JMA. Lorsque Eagle prend le contrôle de l’OL en Mai 2023 officiellement, quelques semaines plus tard, la DNCG prononce un encadrement stricte de la massa salariale et une interdiction de recrutement. Une première pierre empoisonnée dans le jardin américain. Surtout, JMA devra expliquer, pourquoi d’un seul coup, IDG Capital et Jérôme Seydoux ont lâché l’emblématique Président Lyonnais sans l’avertir. Une zone d’ombre qui reste à éclaircir.

Reste que, au présent, le septuple champion de France est menacé de rétrogradation pour la première fois depuis 1989. Mais, pourquoi depuis l’arrivée de Textor, la DNCG est particulièrement au marquage du club ? Tentative d’explication.

La DNCG a fait de l’OL un exemple trop facile

John Textor n’a jamais eu la vie facile avec l’instance de gestion du foot français. Depuis 2 ans, Lyon cumul les avis pour le moins contraignants sur la vie du club. À tord ou à raison, Lyon n’a jamais pu véritablement mettre en place une politique sportive en totale liberté. Enfin presque, puisque en janvier 2024, l’OL lâche entre les prêts et les transferts près de 130 millions potentiel pour se maintenir en Ligue 1. Un mercato audacieux qui permettra de finir à une sixième place sur le finish de la dernière journée.

Sauf que la DNCG était toujours avec le sniper sur l’écusson de l’OL prête à saisir l’occasion de condamner le modèle que défend Textor de la multipropriété à une sauce bien épicée. En outre, et c’est ce que reproche l’instance à Lyon, c’est de ne pas avoir de budget structurant. En clair, que les 250 millions d’euros soient exclusivement réservés au fonctionnement annuel du septuple champion de France.

C’est la finalité du raisonnement de l’instance. Mais, la sévérité dont elle fait preuve est à géométrie variable. Puisque Lyon est le seul club sous la menace de cette relégation. Si l’on en croit les pertes colossales du foot français, près d’1,2 milliard d’euros, il faudrait ajuster le barème pour tous les clubs avec la même exigeance.

Lyon est un choix politique pour assurer à tous, que la multipropriété n’est pas idéale pour le championnat français. Que dire alors de Strasbourg qui a vu de nombreux jeunes de Chelsea lui venir en aide. Un choix judicieux sportivement et parfaitement justifié. Mais qui pose une question morale sur le traitement entre deux clubs qui appliquent le même modèle.

Parce que la DNCG a depuis longtemps cru aux belles paroles

Jean-Michel Aulas se vente depuis qu’il n’est plus à l’OL d’avoir laissé un clin sain et structuré. L’affirmation est partiellement vraie. JMA a certes toujours évité à Lyon des encadrements de masse salariale ou de restriction sur les transferts, il n’a en revanche, pas eu les résultats escomptés en matière de finance pour son club.

Il promettait aux Gones un nouveau virage avec l’arrivée du stade des lumières. Pas moins de 80 millions d’euros de rentrées par saison et un budget qui augmentait à hauteur de 250 millions d’euros en moyenne par saison. Sauf que depuis son entrée dans sa nouvelle arène, L’OL a réalisé un seul bilan dans le vert en l’espace de 9 ans. Lyon a certes été frappé de plein fouet par la crise du Covid-19, mais cela n’excuse pas tout. L’OL perdait de l’argent en continue depuis en réalité 2010. JMA ne peut pas s’exonérer de la défaillance financière du club devant la difficulté actuelle.

Parce que c’était JMA et parce qu’à l’époque comme récemment, la DNCG était très conciliante avec les locomotives de la L1, elle a laissé faire. Elle a assumé officieusement que les clubs puissent perdre de l’argent tant que sportivement, la solidité du projet était prouvé. Bordeaux, Nîmes, Sochaux, Tours et on peut encore en citer ne sont plus en Ligue 1.

La faute à une instance qui croyait dur comme fer à toutes les lignes comptables pondues par les clubs. Comme si la DNCG y avait une totale confiance jusqu’à un changement de cap complet avec la crise des droits TV. Un virage à 180° ou une pirouette monumentale parce que la panique gagnait tout le monde.

La crise des droits TV oblige a revoir ses règles

Pour la première fois dans l’histoire du foot français, la DNCG a demandé aux clubs de ne pas intégrer dans leur budget les droits TV et les transferts. Deux piliers de la politique économique et financière de la Ligue 1 depuis 15 ans. Deux piliers qui subitement disparaissent comme une gomme passée sur la trace du crayon et qui met les directions financières dans une certaine surchauffe de réflexion. La crise des droits TV en est la responsable.

La panique qui a secoué le football français sur la gestion des droits TV a eu des répercussions exceptionnelles sur la DNCG. C’est l’arroseur arrosé en quelque sorte. Alors qu’en Espagne, le rpincipe du 1 pour 1 avait été adopté depuis quelques années, la France a laissé les déficits se balader avant de subitement par la contrainte reprendre la main. La DNCG a donc notifié tous les clubs à avoir des budgets au carré et sans volatilité. En clair, pas de risque mais une grande prudence. Sauf que cela est une philosophie et elle n’est pas inscrite dans le marbre.

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Si l’instance de gestion et de contrôle du foot français avait adopté à la sortie de la crise de 2010 des règles simples et rationnelles en économie, les clubs français n’avaient pas des dettes exceptionnelles. Le principe du 1 pour 1 : 1€ de recette est égale à 1€ de dépense, permettait à la DNCG de se couvrir et de justifier un serrage de vis qui modifiait profondément le visage de la Ligue 1. Il en va de même pour le salary cap. Désormais, en 2025, les dégâts sont colossaux mais les règles n’ont toujours pas été inscrites dans le marbre, elles sont à la libre appréciation d’un collège dont on ne sait pas grand chose. Reste à savoir si l’OL sera la victime ou bien le survivant d’un nouveau contrôle sur la Ligue 1.

Crédit photo : France 24

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