Tour de France : le Mont Ventoux, entre exploits et drames

Paul Crauchet

25/06/2025

Ce 22 juillet 2025, pour la 16ème étape du Tour de France reliant Montpellier au sommet du mont Ventoux, les coureurs s’élanceront à nouveau à la conquête du « Géant de Provence ». Ce parcours de 172 kilomètres s’achèvera par une ascension particulièrement exigeante de 15,7 kilomètres à 8,8 % de pente moyenne.

Le mont Ventoux : entre exploit, drame et histoire

Depuis sa première apparition dans le parcours du Tour en 1951, ce sommet culminant à 1912 mètres est devenu un symbole. Il incarne la difficulté sportive à son paroxysme, où chaleur extrême, vents violents et pentes abruptes se conjuguent pour tester les limites humaines.

Pionniers du Ventoux (1951–1967) : naissance d’une légende

Le Ventoux doit une partie de sa renommée à ceux qui en ont ouvert la voie. En 1951, c’est Lucien Lazaridès qui franchit en premier ce sommet en compétition. Puis vint Louison Bobet, vainqueur en 1955, imposant son rythme dans des conditions de chaleur insoutenables.

Mais c’est surtout le tragique destin du Britannique Tom Simpson, en 1967, qui marque les consciences et donne au Ventoux une dimension dramatique durable. Son décès dû à l’épuisement et à l’usage de substances dopantes bouleverse le monde du sport et instaure une prise de conscience générale.

L’âge d’or du Ventoux (1970–1987) : des victoires historiques

Le Ventoux confirme sa réputation redoutable durant les années 1970 et 1980. Le légendaire Eddy Merckx s’y impose en 1970, franchissant la ligne d’arrivée au bord de l’évanouissement. En 1972, Bernard Thévenet se distingue en étant le premier à dominer l’ascension par son versant nord, devançant des adversaires aussi prestigieux que Merckx, Luis Ocaña et Raymond Poulidor.

Plus tard, en 1987, c’est au tour du Français Jean-François Bernard d’écrire sa propre légende sur les pentes du Ventoux, en remportant un rare contre-la-montre individuel.

Les héros modernes du Ventoux (1994–2016) : entre records et scènes insolites

Le passage au nouveau millénaire signe l’entrée du Ventoux dans une ère spectaculaire. L’édition du Tour en 2000 voit l’Italien Marco Pantani et l’Américain Lance Armstrong réaliser ensemble une ascension en 59’05’’, marquant durablement l’histoire du cyclisme.

En 2002, la victoire du Français Richard Virenque prend une signification particulière, signant sa réhabilitation sportive après l’affaire Festina. Puis, c’est au tour de Christopher Froome de marquer les esprits : impérial en 2013, puis protagoniste d’une chute mémorable en 2016, où il finit à pied, son vélo endommagé, dans une scène devenue emblématique.

La génération actuelle (2020–2025) : limites repoussées et nouveaux repères

Les dernières années ont mis en avant une nouvelle génération de coureurs, illustrant à nouveau le rôle révélateur du Ventoux. En 2020, le Colombien Nairo Quintana établit un temps record jusqu’au Chalet Reynard (28’12’’). L’année suivante, Wout van Aert signe un exploit lors de l’inédite double ascension, battant par ailleurs le record de vitesse en descente avec 73,3 km/h.

En parallèle, le Français Kenny Elissonde s’illustre par une remarquable combativité, obtenant une deuxième place mémorable en 2021. Cette même année voit aussi émerger Jonas Vingegaard, dont les performances sur ces pentes annoncent ses victoires futures en 2022 et 2023.

En dehors du Tour, le Portugais Ruben Guerreiro signe en 2022 une performance référence lors du Mont Ventoux Dénivelé Challenge en 58’35’’.

Iban Mayo (2004) : un record absolu toujours intact

En dépit des progrès techniques et physiques des coureurs, le temps réalisé par l’Espagnol Iban Mayo en 2004 reste inégalé à ce jour : 55 minutes et 51 secondes depuis Bédoin, un exploit symbolisant à lui seul les capacités humaines et technologiques à leur apogée.

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